Technique – Étapes de la peinture d’icônes

Technique – Étapes de la peinture d’icônes

Technique – Étapes de la peinture d’icônes

 

 

La peinture d’icônes religieuses est un art qui requiert non seulement un grand savoir-faire, mais aussi une grande patience. Les étapes pour réaliser une icône réussie sont en effet nombreuses et doivent être réalisées avec minutie. C’est d’ailleurs pourquoi la peinture d’icônes se rapproche en bien des façons d’une méditation religieuse, d’une recherche de l’essentiel qui invite à la contemplation. Traditionnellement, c’étaient les moines qui peignaient les icônes dans les monastères, mais aujourd’hui la pratique s’est étendue aux artistes laïques. Nous revenons sur les grandes étapes de cette peinture pas comme les autres. 

 

1. Préparation de la planche et marouflage

 

L’une des étapes essentielles pour une bonne peinture d’icône est la préparation de la planche. Le bois le plus souvent utilisé est le tilleul, pour ses qualités de souplesse et d’homogénéité. La planche de bois peut être creusée pour constituer un cadre. Comme le bois va travailler au cours du temps, on l’enduit ensuite entièrement d’une couche de colle pour protéger des moisissures. Après séchage, on utilise à nouveau de la colle pour le marouflage, c’est-à-dire l’encollage d’une fine toile de tissu qui va permettre d’avoir un fond souple et sans craquelures. 

 

2. Posage du levkas

 

Le levkas est un enduit composé de Blanc de Meudon et de colle qui va servir de couche de fond à l’icône. Levkas vient du mot grec « leukos », qui signifie « blanc ». On pose généralement une dizaine de couches de levkas sur la planche de bois, ce qui va permettre d’avoir un fond homogène et de décupler la transparence des couleurs.  Le levkas est également poncé pour obtenir un aspect totalement lisse. 

 

3. La réalisation du dessin et la gravure

 

Vient ensuite une autre étape majeure de la préparation de l’icône : le dessin. On travaille celui-ci minutieusement sur calque ou papier de soie avant de le reporter sur la planche. On peut utiliser pour cela une mine rouge, moins salissante que le graphite. Il est temps de passer à la gravure, qui va permettre de « figer » le dessin à l’aide d’une pointe sèche.

 

4. La dorure

 

La dorure peut être appliqué sur tout ou partie du fond, ainsi que pour les auréoles. La dorure est un art à part entière, qui se décline sous plusieurs techniques : dorure polie, dorure à mixtion à l’huile, ou dorure à mixtion à l’eau. La pose des feuilles d’or est particulièrement délicate mais ajoute une vraie lumière à l’icône. 

 

5. Préparation des couleurs et de l’émulsion (tempéra)

 

Une fois toutes ces étapes effectuées, on passe à la préparation des couleurs qui sont indispensables à une belle peinture d’icône. Les pigments sont d’abord dissous dans l’eau, puis mélangés à une petite quantité de mixtion de jaune d’œuf et d’un autre liant (bière, vin blanc de table, vinaigre). La palette est alors prête pour commencer la peinture elle-même. 

 

6. La peinture des fonds 

 

Dans la peinture traditionnelle de l’icône, on dit généralement qu’on va « de l’ombre à la lumière » : on peint d’abord les couches foncées et les contours puis on éclaircit au fur et à mesure pour obtenir des détails. On commence par la peinture du fond, puis des vêtements, et des visages. La couleur de carnation des visages fait l’objet de différentes règles selon l’école de peinture considérée : l’école de Moscou privilégie le brun-vert, tandis que celle de Novgorod est quant à elle proche du brun-chocolat par exemple. 

 

7. La peinture des détails et éclaircissements

 

Une fois que les grands traits, les fonds et la carnation sont réalisés, il faut passer aux détails et éclaircissements. Ceux-ci se font souvent en plusieurs couches, en utilisant la technique de la goutte ou flaque. On pose une quantité de peinture très diluée sur la zone à illuminer et on l’étend progressivement vers les parties plus sombres. Pour les visages, on retrace régulièrement les traits principaux pour qu’ils se distinguent nettement.   

 

8. Le glacis et vernissage final

 

Enfin, on peut réaliser des glacis en utilisant un peu d’œuf pour finaliser les derniers éclaircissements, et on applique des traits blancs (ou « lumières) pour éclairer le visage. Le peintre d’icône ajoute ensuite les auréoles et sa calligraphie. Une dernière étape est nécessaire une fois la peinture complètement sèche : le vernis de finition. Traditionnellement, ce vernis est « l’olifa », à base d’huile de lin cuite. Ce type de vernis devra ensuite sécher pendant environ 2 mois. D’autres types de vernis utilisés à l’époque moderne sèchent plus rapidement.