Histoire et tradition de la croix orthodoxe russe

Histoire et tradition de la croix orthodoxe russe

Histoire et tradition de la croix orthodoxe russe.


Les croix orthodoxes, aussi appelée croix à huit branches, est une variante de la croix chrétienne, et se caractérise par ses trois barres horizontales. Comme pour la croix catholique, on retrouve la forme centrale, qui figure la croix sur laquelle fut crucifiée Jésus Christ. 


La petite barre supplémentaire que l’on trouve au-dessus représente la pancarte qui, selon la tradition, aurait été attachée sous les ordres de Ponce Pilate : sur celle-ci se trouvait l’inscription INRI, abréviation de « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs. » Cette inscription était à la fois l’acte d’accusation de Jésus Christ, et également une forme de moquerie de la part des Romains, qui voulaient railler le fait que Jésus se soit proclamé Messie ; on retrouve d’ailleurs ce type de moquerie lors de la Crucifixion avec la couronne d’épines que les Romains firent porter au Christ. 


Enfin la troisième barre, en diagonale et située au bas de la croix, représente l’appui pour les pieds qui servit à Jésus Christ ; en effet, contrairement à la tradition catholique, les chrétiens orthodoxes considèrent que les pieds du Christ n’étaient pas cloués ensemble, mais reposaient sur cet appui-pied. De plus, dans la coutume orthodoxe russe, cette traverse est penchée vers la droite : cette asymétrie symbolise d’un côté le Ciel (le haut de la traverse), et de l’autre l’enfer. C’est le côté droit qui est surélevé, car il est associé au voleur pénitent Saint Dismas, le « bon larron », tandis que le côté gauche, qui représente donc l’enfer, pointe vers Gestas, le voleur impénitent crucifié aux côtés de Jésus. Ceci est d’ailleurs une particularité de la croix orthodoxe russe, et fut introduit autour du 17e siècle. Les églises orthodoxes grecques ont de fait généralement conservé un appui-pied non penché, ou penché dans l’autre sens. 


L’utilisation de l’image de la croix se répand en particulier avec les Croisades et l’utilisation du symbolisme religieux pour les bannières des Croisés. L’importance de la croix orthodoxe comme symbole religieux et comme symbole national est illustré par sa place dans l’imagerie russe. Au 16e siècle par exemple, la croix orthodoxe se retrouvait sur le blason de la Russie, au centre de l’aigle à deux têtes. Au siècle suivant, la croix figure également sur les bannières militaires russes. 


Au cours des siècles, des variations de la croix orthodoxe ont vu le jour : la « Croix sur le Croissant » par exemple, aurait été mise au point par Ivan le Terrible après le conquête de Kazan sur les Arabes. Elle symboliserait alors la victoire du Christianisme sur l’Islam. Mais ce symbole de la demi-lune était également connu avant la conquête de Kazan : elle symbolisait alors la coupe de l’Eucharistie et le sang du Christ versé pour la rémission des péchés. Il n’est pas rare non plus de trouver deux anges penchés au-dessus de la tête du Christ, et représenté au sein de la barre verticale supérieure. Entre les deux anges, on trouve l’inscription « Le roi de gloire » qui remplace le « INRI » des Romains. L’inscription « NIKA » apparaît souvent au-dessus des bras du Christ, et signifie en grec « Celui qui conquiert / qui est victorieux. »


Dans l’iconographie religieuse, on retrouve parfois également un crâne représenté sous la croix : il s’agit de la tête d’Adam, qui aurait été enterré à l’endroit de la Crucifixion. La mort du Christ—et l’écoulement de son sang vers le crâne d’Adam—symbolise ainsi le sacrifice du Christ rendant vie à l’humanité. Sur les icônes russes représentant le Christ en croix, deux personnages sont souvent représentés : la Vierge Marie et l’apôtre Jean. La lance qui transperça le côté de Jésus Christ, ainsi que l’éponge vinaigrée donnée par le soldat romain, sont d’autres attributs fréquemment représentés avec la croix.   


La croix orthodoxe conserve un statut particulier auprès du peuple russe. Prohibée comme les autres symboles religieux pendant l’ère communiste, la croix est largement revenue en faveur auprès des croyants, et l’on verra communément les Russes porter une ou plusieurs croix autour du cou.